
Limousin



L’ermitage de Mammascus
Meymac (19) n’est pas une ville moderne improvisée par de puissantes industries ; elle a son rang d’antiquité.
Un saint homme, appelé Mammacus, vint s’établir au pied d’un des anneaux de cette longue chaîne de montagnes qui, depuis les Monédières, s’élève insensiblement jusqu’au plateau de Millevaches, après avoir traversé sur une longue étendue le département de la Corrèze.
Il avait pour richesse sa piété, pour force sa vertu ; pour exemple, il montrait l’austérité de sa vie. Il avait fui le monde afin de répandre les lumières de la foi jusqu’au sein des peuplades barbares, et seul, sans défense, on le vit pénétrer dans la profondeur des bois et proclamer la grande nouvelle… la venue du rédempteur des hommes. Sa voix fut longtemps méconnue, mais un jour les échos redisent ses paroles, on accourt pour le voir et l’entendre, des familles entières quittent leur demeure et viennent habiter non loin de l’ermitage, au milieu des forêts.
Le site avait été bien choisi. De hautes montagnes protégeaient la bourgade et l’abritaient contre les vents froids, tandis qu’une large vallée, sillonnée par un ruisseau d’eau vive, s’étendait au midi entre deux mamelons.
Réunis par un sentiment commun de foi religieuse, les nouveaux adeptes bâtirent une église qui fut consacrée, en 546, par Rorice II, évêque de Limoges. Cette consécration mit le comble aux vœux du pieux ermite, et peu de jours après il échangeait contre les joies célestes les douleurs de la vie ; mais l’œuvre du saint anachorète devait lui survivre.
Après sa mort, le modeste ermitage fut transformé en prieuré, et le chapitre de Saint-Étienne de Limoges se chargea de pourvoir aux besoins du service religieux.
M. LABORDERIE (1844)
Le rocher de la fée
Le terme de “fade” par lequel nous désignons parfois nos fées appartient à la langue d’oc.
Près du bourg de Chambon-Sainte-Croix (23), existe lou daro de la fadée (le rocher de la fée), sujet de plusieurs histoires merveilleuses. Entre autres, on raconte que la reine des Fades, ayant à se plaindre des habitants de cette localité, fit tarir des sources thermales qui jadis sortaient de ce rocher et les fit jaillir, trois lieues plus loin, près de la ville d’Evaux, qui, à partir de ce moment, dut à ces eaux bienfaisantes toute sa prospérité. Pour faire cela, la fée eut à frapper le granit de son pied droit, dont lou daro de la fadée a gardé et gardera éternellement l’ineffaçable empreinte.
LAISNEL DE LA SALLE (1875)
La fontaine Saint-Martin
Saint Martin, encore enfant, s’était gagé dans une ferme du Poitou (à Vicq-sur-Breuilh - 87) pour garder les bestiaux ; et comme son grand désir était de s’instruire, ou tout au moins d’apprendre à lire, Martin, après avoir mis ses bêtes aux champs et s’être assuré qu’il ne leur manquait rien, se rendait à l’école à sept lieues de là, chez le maître du canton.
Un jour, l’instituteur lui fit observer qu’il était distrait.
— Maître, s’écrie l’enfant, j’entends le fermier qui m’appelle.
— Eh ! que dis-tu, Martin ? Comment peux-tu entendre de si loin, de sept lieues ?
— Tenez, Maître, mettez vot' pé (pied) su 1' min, et vous l’entendrez comme mal.
Et sitôt fait, il entendit la voix.
— Va, Martin, va ! celui que tu appelles ton maître n’est que ton serviteur.
Et se jetant à genoux, il lui baisa les pieds.
Quand Martin fut arrivé là-bas, bien loin, au bout de sept lieues, il trouva le fermier en grande colère.
— Ah ! mauvais gas ! je te payons pourtant ben cher ; j’avions confiance en ta vigilance, en ton honnêteté ; tu nous trompes, vilain maraud ! Laisser de même, quallés pauv' bêtes, les laisser mouri de séï !… (soif).
Martin, de sa voix douce, lui dit :
— Non ! les bœufs ne manquent de rien.
Et il appela le plus grand.
— Pichâo, vin ki ; tappe tonpé ki. (Petit, viens ici : frappe ton pied ici).
Et de la terre qu’il avait frappée jaillit une belle fontaine qu’on appela depuis la fontaine Saint-Martin.
Jean BRUNET (1886)
La Chartreuse de Glandier
Archambaud VI fonda la Chartreuse de Glandier (Beyssac - 19). Quel motif porta le vicomte de Combon à fonder une chartreuse dans ses domaines ? D’après la charte de fondation, ce serait simplement pour le salut de son âme et de celles de ses ancêtres, tandis que différentes légendes, très répandues dans le pays, rattachent toutes la fondation de Glandier à l’expiation d’un grand crime commis par Archambaud…
Voici quel serait ce crime : à la mort de Bertrand, abbé de Tulle en 1210, les moines voulaient élire Bernard de Ventadour, alors qu’Archambaud voulait faire nommer un de ses neveux ; il aurait employé et les promesses et les menaces, mais voyant que rien n’y faisait, il pénétra dans la salle du Chapitre où étaient réunis les moines pour l’élection et en tua sept. Archambaud repentant aurait été condamné à bâtir plusieurs monastères.
Abbé ÉCHAMEL (1935)
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