
Poitou-Charentes




La Fosse Mobile d'Agris
La Fosse Mobile d'Agris (16) est un gouffre profond qui s’ouvre à la surface du sol, sous la forme d’un rocher creusé en arc de cercle de plus de trente pieds de hauteur. Sa profondeur est de cinquante-quatre mètres et le fond, obstrué par des éboulis considérables, est généralement recouvert d’une couche d’eau, qui, après les pluies, peut atteindre une hauteur de douze mètres.
Un misérable, ayant assassiné son père, résolut, afin de faire disparaître toutes traces de son crime, de précipiter le cadavre dans la fosse. La nuit était sombre et le ciel sillonné d’éclairs. L’assassin arrive près de la fosse ; mais l’obscurité l’empêche d’en découvrir l’entrée, et le misérable en est réduit à errer pendant toute la nuit aux alentours, voyant, à la lueur des éclairs, l’entrée de la fosse tantôt à droite, tantôt à gauche, et ne parvenant pas à se débarrasser de son sinistre fardeau, si bien que, le matin venu, on le trouva fou de terreur couché près du cadavre de son père.
Jules MARTIN-BUCHEY (1914)
La cloche engloutie
Sur les côtes de Chiratz (17), surtout pendant les nuits d'orage, les tintements d'une cloche appelaient à un office nocturne des moines et des fidèles qui se glissaient sous la mer pour y assister.
Dans les mêmes parages, on voyait autrefois, lors des grandes marées, la grosse cloche de la ville de Châtelaillon. Un jour on y attela tous les bœufs du prieuré de Saint Romuald, et il fut convenu que, sur un signe, les "bistrauds" feraient partir leurs bêtes : tout allait bien, lorsqu'un bœuf ayant fait un écart, un conducteur jura le nom de Dieu, et la cloche disparut.
Paul SEBILLOT (1904)
Le Hoppou ou l’homme sans tête
Entre Le Bourgneuf et Chantemerle (79) une partie de la forêt porte le nom de Bois-Brûlé.
Dans les communes environnantes, on raconte qu’à l’époque de la Révolution, on trouva dans le Bois-Brûlé un cadavre sans tête que l’on reconnut pour être celui d’un colporteur très connu et très estimé dans tout le pays. Malgré les plus minutieuses recherches, il fut impossible de retrouver la tête.
Depuis lors, on raconte que le colporteur revient tous les ans, pendant les nuits des Avents, errer dans le Bois-Brûlé à la recherche de sa tête. Il s’annonce de loin par les cris de hôop ! hôop ! prolongés et répétés à de longs intervalles. Aussi dans le pays l’homme sans tête n’est-il connu que sous le nom de Hoppou.
S’il arrive que l’on avance à la rencontre du Hoppou, les cris se font entendre de plus en plus rapprochés et alors, on voit arriver devant soi une grande forme humaine ; elle s’avance, mais on n’entend nullement le bruit de ses pas, et cette forme d’homme sans tête s’éloigne lentement en continuant de faire entendre son lugubre appel.
Beaucoup de personnes assurent avoir entendu les cris d’appel du Hoppou ; et plusieurs même certifient l’avoir vu. Monsieur Jousset, ancien garde de la forêt de Chantemerle, s’était souvent moqué de la naïveté de ceux qui dans les veillées racontaient la légende de l’homme sans tête, déclarant que depuis plus de dix ans qu’il faisait ses rondes de nuit dans toute la forêt, il n’avait jamais rien vu ni entendu.
Or un soir d’hiver, il revint d’une de ses rondes, très agité. Il y avait ce soir-là chez lui une réunion d’amis pour passer la veillée ; mais, malgré l’entrain de ses visiteurs, il fut sombre et distrait pendant toute la soirée, si bien qu’on le crut malade.
Depuis ce jour, on constata qu’il ne fit plus jamais de rondes de nuit. Ce ne fut que quelques mois après qu’il osa parler de ce qui l’avait tant émotionné. Il raconta alors à ses amis que ce soir-là, ayant entendu les cris de hôop ! hôop ! il s’était avancé dans la direction des appels, et que le Hoppou était passé à quelques pas de lui.
R. M. LACUVE (1902)
Le sanguinaire Quatrebarbes
Foulques de Quatrebarbes, baron de Montmorillon (86), descendait de Bernard, baron de Montmorillon, qui prit le premier le nom de Quatrebarbes. Une tradition conservée dans cette famille prétend que ce seigneur, étant allé en Espagne combattre les Maures, défia quatre émirs en combat singulier, les vainquit, coupa leurs têtes, et les attacha par la barbe au fer de sa lance : exploit qui lui valut, de la part du roi de Castille, le surnom glorieux dont ses descendants s’honorent encore aujourd’hui.
Casimir CHEVALIER (1869)
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