
Rhône-Alpes






Le château du baron des Adrets
Au-delà de Valence (26), sur la rive gauche, vous apercevez une roche élevée, unie, perpendiculaire. Au sommet, on distingue encore quelques restes de muraille, une tour en ruines et des remparts, C’était le château du baron des Adrets, le farouche protestant. C’est de là-haut, dit-on, qu’il faisait précipiter en bas les soldats catholiques tombés entre ses mains. On connaît cette histoire de l’un d’eux, qu’un bon mot sauva du supplice auquel il était condamné.
Le baron des Adrets avait rassemblé un assez grand nombre de prisonniers, et, par représailles de cruautés envers le parti catholique, s’amusait un jour à les faire sauter du haut des remparts. L’un de ces prisonniers, moins décidé à mourir que les autres, avait déjà pris cinq ou six fois son élan sans pouvoir tenter ce saut dont on ne revenait pas. Il courait jusqu’au bord du rempart, puis s’arrêtait devant l’abîme, et revenait en arrière mettre à une nouvelle épreuve son courage.
À la fin, le rude baron, impatienté, lui cria :
– Je te le donne en trois.
– Monseigneur, répondit froidement le soldat, je vous le donne en dix.
Et le baron, frappé de cette présence d’esprit, lui accorda sa grâce.
Xavier MARMIER (1841)
Le bon Dieu du village
On raconte que lorsque l’église de Nieigles (07) fut construite, les habitants de cette commune envoyèrent une délégation à l’évêché de Viviers pour aller chercher un bon Dieu. Trois délégués se présentèrent à l’évêché et firent connaître l’objet de leur mission. En l’absence de l’évêque, qui était en tournée pastorale, ce fut un de ses grands vicaires qui les reçut. Ce prêtre aimait assez à rire et la mission de nos trois délégués venait lui fournir une belle occasion de rire un tantinet. Il les fait asseoir un instant et les quitte pour aller chercher un bon Dieu. Il revient bientôt et leur remet un petit paquet soigneusement ficelé. « Voilà, mes amis, leur dit-il, votre bon Dieu, et qu’il vous ait en sa sainte garde. »
Les trois délégués quittent Viviers et se dirigent vers Nieigles avec leur précieux dépôt. Arrivés à Donzère, ils eurent la curiosité de défaire le paquet. – Cette curiosité leur était bien permise. – Ils mirent à nu, nous le donnons en mille… une gourde hermétiquement bouchée !
Cette gourde semblait ne rien contenir, tellement elle était légère. Nos trois délégués l’examinent, la retournent, la contemplent et se demandent comment peut-être le bon Dieu que la gourde contient. Enfin, se rappelant très bien leur catéchisme, ils se disent : « Mais que nous sommes bêtes ! Dieu est un esprit, on ne peut le voir ni le toucher. » Et ils continuent leur route, non sans retourner la gourde dans tous les sens. Un trait de lumière traverse l’esprit d’un des délégués, qui a l’idée de la frapper tant soit peu avec les doigts. Ô surprise : le bon Dieu répond du sein de son tabernacle : Voun ? Voun ? Voun ? Pour le coup, nos trois délégués s’arrêtent stupéfaits : ils se regardent, n’osant pas même respirer ; un silence de mort préside à cette scène ; le bon Dieu lui-même s’est tu… Pourtant ils se remettent en marche, tout tremblants de frayeur ; leurs jambes flageolent.
Peu à peu le courage leur revient, ils s’arrêtent pour contempler encore leur mystérieuse gourde. Celui qui la portait, – ils la portaient à tour de rôle, – la frappe un peu avec ses doigts, et le bon Dieu dit encore : Voun ? Voun ? Voun ? [où ? où ? où?] Cette fois, nos délégués avaient compris, et tous les trois, en chœur, répondirent au bon Dieu qui leur demandait voun [où] on le portait : O Nieïglé, bouon Dièou. [À Nieigles, bon Dieu.]
Ils étaient radieux de se trouver ainsi eu communication directe avec le bon Dieu ; et ils cheminaient toujours. Arrivés à la Levade, leur curiosité augmente ; ils savaient bien qu’ils portaient un bon Dieu qui parlait, mais comment était-il ce bon Dieu ? Il n’y avait qu’un seul moyen de le savoir, c’était de déboucher la gourde avec beaucoup de précaution et de regarder dedans très discrètement. Les scellés sont brisés à l’instant, à peine le bouchon est-il enlevé que le bon Dieu s’échappe de la gourde, sous la forme d’un frelon en disant toujours : Voun ? Voun ? Voun ? et nos trois délégués, tout penauds, de répondre en courant après lui : O Nieïglé, bouon Dièou.
Après une course échevelée de plus de deux heures, ils arrivèrent à Nieigles tout trempés de sueur, mais sans le bon Dieu qu’on les avait chargés d’apporter de Viviers. – Ils l’avaient perdu en route, les malheureux. Il ne resta, comme souvenir de cette mission mémorable, que la fameuse gourde. Elle est restée longtemps suspendue à la voûte de l’église.
Depuis, on dit : Féblés de Nieïglé, probablement parce que les fameux délégués de cette commune – ainsi que leurs mandants – avaient fait preuve d’une grande faiblesse d’intelligence.
VASCHALDE (1885)
La tour sans venin
Au-dessus de Fontaine (38), se dresse encore, sur une éminence rocheuse, la Tour-sans-Venin, autre merveille déchue, mais que recommandera toujours une admirable vue ; cela vaut bien tout ce que supposèrent nos aïeux.
Suivant eux, cette tour avait été bâtie sur de la terre apportée de Palestine par le neveu de Charlemagne, le paladin Rolland, et dès lors aucune bête venimeuse, ou prétendue telle, n’avait approché de ses débris.
Cette croyance a duré jusqu’à ce qu’il se soit trouvé quelque mécréant assez indiscret pour chercher, et ce qui est bien pis, pour trouver là, comme ailleurs, tous les reptiles dont on niait la présence.
Guide du voyageur à Grenoble (1845)
L’emmurée du château de Miolans
Au château de Miolans (73), près de Saint-Pierre d’Albigny, on montre la cellule où fut emmurée vivante la femme d’un ancien seigneur, que son mari avait surprise en flagrant délit d’adultère.
Le complice fut enfermé dans une cellule voisine : mais, comme il était gentilhomme, la porte ne fut pas murée, et on lui apportait de la nourriture.
On ne dit pas s’il mourut ou s’il fut gracié.
A. DAUZAT (1902)
Le registre d’un curé
L’abbé Agniel raconte les origines et l’histoire d’une chapelle bâtie à Vieu, puis ruinée, puis rebâtie, puis ruinée encore par le temps, et qui était placée sous le vocable. qu’on retrouve à Naples, si je ne me trompe de Notre-Dame de populo. Longtemps, il fut indifférent, et il s’en accuse, à la voix secrète de ces pierres éparses que l’herbe recouvrait, et même à la tradition locale, qui gardait une légende, la légende du prieur de l’abbaye de Saint-SuIpice-Thézilieu, revenant sur sa mule de visiter son vignoble de Machuraz, attaqué par les voleurs au passage de la Dangereuse, faisant vœu de construire un pont et une chapelle, et aussitôt sauvé par un bond prodigieux de sa monture qui lui fit franchir l’abîme.
Un jour vint, cependant, où M. Agniel eut un remords, et résolut de relever le petit sanctuaire, sur la colline, à l’entrée de Valromey (01). C’était un passionné de l’archéologie. il voulut d’abord contrôler la légende, et s’aperçut qu’elle était tout simplement de l’histoire. On l’assit dans un fauteuil de partie, on le descendit, au bout d’une corde, jusqu’au-dessous du pont de la Dangereuse, et là, il découvrit une niche, et dans la niche, une statuette de saint Germain, patron du prieur.
Sur la terre ferme, il fit une autre découverte, celle d’une pierre sculptée aux armoiries de l’abbaye, et qui portait, autour de l’écusson, une guirlande de fers de mule. L’abbé n’en fut que p !us ardent pour restaurer un monument dont l’origine était maintenant certaine. Il quêta, il reçut, il bâtit, et, quand l’œuvre fut achevée, voulut illuminer. Comment faire ? Les petits lampions e.t les lanternes vénitiennes n’étaient pas très communs à. Vieu, vers 1860 et puis, la dépense eût été forte. On le crut du moins. Le registre nous apprend que, la première année, on fit venir de Lyon une forte lampe, avec son réflecteur et un sixain de kilogrammes d’huile de schiste. Ce fut d’un très pauvre effet.
Mais la seconde année, quand arriva la fête, l’abbé Agniel eut une idée de génie. Il demanda à ses paroissiens de la plaine et de la montagne d’apporter leurs lanternes, et les lanternes des laboureurs, des vignerons et des bergers firent à Notre-Dame-de-populo la plus populaire des illuminations.
René BAZIN (1901)
L’homme de la lune
Certaines nuits, on aperçoit dans les ombres de la lune une forme humaine. Si l’on regarde bien, on distingue un homme qui tient une fourche avec laquelle il remue des broussailles. C’est un bûcheron de Fraisse (42) à qui Dieu a donné la lune pour demeure et qu’il a condamné à travailler perpétuellement pour le punir d’avoir, sur terre, travaillé un jour de dimanche.
Note : le repos du dimanche était pratiqué en notre région, il y a cinquante ans, d’une façon si rigoureuse et si étendue que, dans certaines familles, on coupait le pain le samedi, pour n’avoir pas à faire le lendemain ce qui était considéré comme un travail.
V.S. (1878)
La Dame blanche de la Cheminée
Vous avez visité les galeries du Fier à Lovagny (74) ; suivez le cours de la rivière, comme si vous teniez à l’accompagner jusqu’à Seyssel. À l’endroit où le val se trouve le plus resserré, où le rocher entaillé en demi-galerie forme un surplomb vertigineux, on aperçoit à une immense profondeur, de l’autre côté du torrent, presque au niveau de ses eaux, une anfractuosité naturelle dont l’entrée est formée par une muraille demi-circulaire percée d’une porte et d’une étroite fenêtre. L’abord de cette grotte n’est plus accessible aujourd’hui ; il pouvait l’être jadis à l’aide d’un pont volant, mais il fallait descendre dans le torrent par un affreux ravin, dit la Cheminée, partant de la voie romaine pratiquée en cet endroit en contrebas de la route actuelle.
On a bâti une foule d’hypothèses au sujet de la destination de cette anfractuosité. Était-ce un corps de garde romain, un ermitage, ou, dans le Moyen-Âge, une retraite affectée aux lépreux ? Non, rien de tout cela. C’était un repaire de Sarrazins, un atelier de faux-monnayeurs, ou la demeure de la Dame blanche.
Il y a de cela bien des siècles : la femme d’un seigneur de la contrée, non moins avare que cruelle, pressurait ses vassaux et rançonnait les pèlerins, les marchands, et même les gens d’église, qui passaient sur ses terres. Survint la peste noire qui décima les populations d’alentour.. La dame égoïste voyait périr ses vassaux sans leur donner aucun secours ; elle laissa même mourir sa mère et ses plus proches parents. Pour échapper au fléau, elle abandonna son manoir.
Chargée de ses trésors et poursuivie par les malédictions du peuple, elle se réfugia dans le val du Fier, alors désert et impraticable ; s’installant dans la grotte, elle en mura l’entrée. Adonnée aux pratiques de la sorcellerie, elle évoqua les esprits des ténèbres, et leur confia le soin de défendre les abords de sa demeure, où était amoncelé cet or, fruit de son avarice et de ses rapines.
On ne sait pas précisément à quelle époque la Dame blanche, – si toutefois elle l’a quitté, – abandonna ce monde terrestre. Maintenant encore, quand le val est assombri par les brouillards, et lorsque gronde la tempête, on voit son fantôme, courbé sous la charge d’un sac d’écus, errer dans le fond du val ou dans les bois d’alentour. Tout ce que le fantôme a touché, tout ce que sa robe a effleuré, porte le stigmate ineffaçable de son passage. Le roc s’est crevassé, l’herbe a roussi, les branches d’arbres sont desséchées, tout comme si le feu de l’enfer eût passé par là.
Antony DESSAIX (1875)
La table du Roi
Saint Louis, en 1248, allant faire sa croisade d’Égypte descendit par le Rhône. Il eut maille à partir avec Roger de Clérieu, seigneur de La Roche de Glun. La légende populaire veut que ce roi, un moment arrêté par le mauvais vouloir de Roger, ait pris un repas, au milieu du fleuve, sur une pierre ayant bien vue de la rive, la forme d’une table ovale, qui émerge sensiblement, en étiage moyen, à 1500 m en amont de Tain-l'Hermitage (26), en face de la montagne de Pierre Aiguille. Ce récif est encore aujourd’hui appelé la Table du roi.
M. Charles Bellet, auteur d’une remarquable et intéressante histoire de la ville de Tain, pense qu’on ne doit faire remonter qu’à Louis XIII l’origine de cette légende. Il est bien difficile, en l’absence de tout document précis, de fixer ce point d’histoire. Cependant, la première origine paraît la plus vraisemblable : au XIIe siècle, la route, surtout en cet endroit où le Rhône baignait le pied rocheux du mont Pierre Aiguille, devait être en mauvais état, si toutefois elle existait déjà. La voie fluviale était la plus employée, sinon la seule usitée, et les voyageurs, quand le cours d’eau n’était pas trop gros et le courant trop fort, devaient pouvoir s’arrêter après les nombreux rochers qui émergeaient en ces parages. C’est ce que fit sans doute la petite troupe de saint Louis, et ce monarque, ayant choisi – à tout seigneur tout honneur – la roche la plus confortable et la plus commode, dut pouvoir quitter sa barque et mettre pied sur la « table du roi ». Peut-être même y prit-il un repas, comme le veut la légende : il suffit de voir la disposition et la configuration.
F. GRAND (1911)
La tour de la Belle Allemande
À Lyon (69), aux bords de la Saône, on visite encore la tour de la Belle Allenande. Une jeune fille d’Allemagne, devenue l’épouse d’un riche et vieux Lyonnais, se laissa séduire par un jeune homme dont elle avait pu apprécier, dans mainte occasion, et l’amour dévoué et le noble caractère. Le mari, défiant et toujours aux aguets, s’aperçut de leur liaison ; et, comme il avait beaucoup de crédit à Lyon, il parvint, je ne sais sous quel prétexte, à faire enfermer, par ordre des magistrats ; le jeune homme au château de Pierre-Scise, tandis que lui-même se chargeait de conduire, sous un double verrou – sa femme au haut de cette tour. Le jeune homme s’échappe-de sa prison, se jette à la nage dans la Saône ; et tente d’escalader-les-murs où est renfermée la jeune femme, qui, l’ayant aperçu à travers une fenêtre, l’encourage de la voix et du geste à venir la délivrer ; mais les gardes du château l’aperçoivent ; ils lui lâchent une décharge d’arquebuses ; le malheureux tombe mort, et son amante, témoin de cet horrible spectacle, ne lui survécut que peu de temps.
Xavier MARMIER (1841)
Le Pontias
Le Pontias a dès longtemps attiré l'attention. Une légende encore en cours lui attribue une origine miraculeuse que Gervais de Tilbury, maréchal de l'Empire au royaume d'Arles, vers 1210, rapporte ainsi :
« Dans le royaume d'Arles, en l'évêché de Vaison, il y a un certain lieu très peuplé appelé Nyons (26). Il est situé dans une vallée entourée de montagnes ; comme il n'y était entré le moindre vent jusqu'au temps de Charlemagne, elle avait toujours été stérile et privée de toutes les commodités que recherchent les hommes. Saint Césaire, archevêque d'Arles, très saint personnage et célèbre par ses miracles, ayant reconnu cette infécondité, fut jusqu'à la mer qui est au-dessous de la ville et ayant rempli un gant de vent marin il le resserra.
« Étant après allé dans cette vallée qui était infertile, il jeta au nom du Christ son gant plein de vent contre un rocher, avec injonction de venter perpétuellement.
« Soudain une ouverture s'étant faite dans le rocher, par cette fente n'a cessé de souffler un vent appelé Pontias en souvenir de ce qu'il avait été rapporté de la mer par une vertu divine.
Sans ajouter foi à cette merveilleuse légende, certaines personnes croient encore que le Pontias sort d'une caverne ou plutôt de quelques crevasses qui se trouvent dans une montagne qui domine Nyons, le Devès.
A. LOUVIER (1912)
Le lac d’Issarlès
Au nord-ouest de l’Ardèche (07), sur les limites de la Haute-Loire et de la Lozère, dans la commune d’Issarlès, on remarque un des plus vastes lacs qu’ont formés les bouches de volcan des Cévennes du Nord. L’origine de ce lac est ainsi racontée dans une légende que je dois à Nanette Lévesque, une vieille femme de Sainte-Eulalie, commune voisine d’Issarlès.
« II y a près de chez moi une vaste paroisse qui, aux temps anciens, se composait de maisons éparses dans la campagne et d’une ville qu’on nommait Issarlès. Un jour, un pauvre vint en cette paroisse demander l’aumône. Il commença par la campagne. À la première maison qu’il rencontra : « Donnez-moi quelque chose, dit-il, j’ai faim ! » « Oh ! mon ami, je n’ai rien pour vous donner, dit avec pitié une femme. » « N’auriez-vous pas quelques pommes de terre dans votre marmite ? » « Oui, répondit la femme, en voilà deux, si vous voulez. » Le pauvre en prit une et s’éloigna.
Il poursuivit son chemin et arriva sur le seuil d’une autre maison. « Donnez-moi quelque chose pour l’amour de Dieu ! » La femme se leva et dit : « Mon ami, nous n’avons point de pain, mais la pâte est dans la maie (vaisseau de bois où l’on tient la pâte et les pains avant de les enfourner) toute prête, le four est presque chaud, nous allons enfourner et nous vous ferons une petite pompe (sorte de pain au lait plus délicat que le pain ordinaire), asseyez-vous et attendez. »
Le pauvre dit : « Votre pain est cuit. » La femme dit à son mari : « Mon mari, le pauvre dit que notre pain qui est dans la maie est cuit, comment cela se pourrait-il, nous ne l’avons pas mis au four ! » Le mari regarde la maie, il voit le pain cuit, et près des grands pains il voit une petite pompe : « Ce que vous avez annoncé est arrivé, dit-il au pauvre, le pain est cuit sans avoir été enfourné ; c’est une permission de Dieu. Asseyez-vous à notre table et mangez avec nous. » Le pauvre refusa. « Prenez, dit le mari, la pompe que ma femme voulait préparer pour vous et qui est cuite avec les grands pains. » Le pauvre prit la pompe et. Avant de s’éloigner, il dit aux époux : « Dans peu de temps, vous entendrez un grand bruit, soyez sans inquiétude. »
À quelque distance de la maison, le pauvre rencontra deux petits enfants qui jouaient. « Que faites-vous là, mes enfants ? » « Nous nous amusons. » « Vous n’avez pas faim ? » « Non. » « Si vous voulez un peu de pompe, je vous en donnerai. » « Tout de même, nous en mangerons bien. » Le pauvre partagea la pompe et en donna la moitié à chacun des enfants qui se mirent à courir auprès de leur mère : « Maman, un pauvre nous a donné à chacun une moitié de pompe. » La mère les gronda : « Il ne faut jamais prendre le pain des pauvres, il n’est pas propre, je vous défends de manger de cette pompe. » « Maman, elle est bien bonne, elle est meilleure que notre pain. » « Je vous défends d’en manger, je ne connais pas celui qui vous l’a donnée. » Et ce disant, elle prit les morceaux de pompe des mains des enfants et les jeta dans l’auge aux cochons.
Quelques instants après, le pauvre se présentait à la porte de la maison de cette femme, située à l’entrée même de la ville. Les enfants l’indiquèrent à leur mère qui s’écria : « Vous demandez l’aumône, vous qui distribuez votre pain aux enfants que vous rencontrez en chemin ! Votre pain, vous feriez bien de le garder. Ce n’est pas une nourriture faite, pour mes enfants. Pour moi, je n’ai rien à donner à ceux qui donnent. »
Le pauvre se retira, il pénétra dans la ville, implora la charité de maison en maison et partout fut rebuté. Il allait quitter la ville, quand, sur les confins, il aperçut deux petites maisons ; il voulut tenter une nouvelle épreuve en s’y adressant.
De la première maison vers laquelle il s’était dirigé, une femme sortit : « Je n’ai point de pain, dit-elle, je n’ai que du levain ; en voulez-vous, je vous en donnerai ? » « Je ne puis manger le levain, répondit le pauvre. » Cette femme mentait, elle avait du pain, mais n’en voulait pas donner.
Le pauvre fit quelques pas plus avant et fut bientôt vers la seconde maison. Assise près de la muraille, une femme trayait une chèvre. « J’ai bien soif, fit le pauvre, me donneriez-vous un peu de lait ? » « Ah ! mon ami, je vous donnerai tout le lait de ma chèvre, si vous voulez. » « Je ne veux point tout le lait de votre chèvre, un peu me suffira. » La femme alla chercher un verre, le remplit de lait et l’offrit au pauvre. « Voulez-vous y tremper du pain, dit la femme. » « Non, je n’ai pas faim, je n’ai que soif et j’ai plus qu’il ne me faut pour boire. » Il but, et comme la femme continuait à traire sa chèvre, Jésus s’approcha d’elle (car le pauvre c’était Jésus) et lui dit : « Vous allez entendre un grand bruit, si grand qu’il soit et de quelque côté qu’il vienne, ne vous retournez pas, continuez à traire votre chèvre. »
Au même instant, un grand bruit éclata. C’était la ville d’Issarlès qui s’enfonçait dans la terre béante. La femme tourna à demi la tête pour voir d’où venait le brait, elle n’avait pas encore achevé ce mouvement, qu’elle fut engloutie avec la ville. Une nappe d’eau ne tarda pas à recouvrir toutes ces ruines.
Par un temps clair, on aperçoit, au fond du lac, les débris de la ville d’Issarlès et on distingue, à côté d’une petite maison, la dernière de la ville, une femme qui, de ses deux mains, trait une chèvre. Cette femme, je l’ai vue moi-même bien des fois, quand je passais au bord du lac. »
Pour copie conforme :
Victor SMITH (1878)
Le trou de la Jeannote
Une vieille tradition du pays prétend que toute jeune fille qui ose pénétrer dans la grotte d'Allevard (38) mourra infailliblement au bout d’un an, si elle ne se marie pas avant ce terme. Nous avons recueilli de la bouche d’un habitant les débris du fait qui avait donné lieu à cette superstitieuse croyance ; nous le rapportons ici sans rien changer au fond du récit, dont la vérité n’est mise en doute par personne à Allevard.
Une nuit d’été répandait sa fraîcheur sur les bruyères du Plan-Chanel. La lune argentait les murs du château d’Allevard et les hauts tulipiers qui croissent dans l’enceinte de son parc.
La nature était calme, les étoiles brillaient d’un doux éclat au firmament, le renard glapissait sur la colline, et les échos lointains des vallées lui répondaient.
Un profond silence régnait dans le village, l’activité du jour et le bruit des forges avaient fait place au repos et au sommeil.
Seulement une lumière tremblante se faisait encore remarquer à la petite fenêtre d’une chaumière située au-dessous du coteau de Layat, et, par intervalles, le vent apportait un bruit de soupirs et de sanglots.
C’est qu’elle avait perdu son beau fiancé, la jeune et belle Izarde. Monseigneur le Dauphin avait levé l’étendard de saint Georges, et la jeunesse d’Allevard avait suivi son seigneur à la guerre.
Et elle pleurait, Izarde, elle pleurait, car elle était à la veille de s’unir à Pierre des Ayettes qu’elle aimait depuis qu’elle était au monde.
Ils étaient nés sous le même toit, et depuis ils ne s’étaient jamais quittés ; ils avaient dansé au bruit des mêmes chansons ; ils avaient ensemble parcouru les collines, cueilli les fleurs de la montagne, et dormi le soir au bruit du vent dans les touffes de châtaigniers.
Et ils s’aimaient ainsi depuis longtemps, ils se l’étaient avoué sans rougir, tant c’était pour eux une chose naturelle et simple ! Puis, un soir, leurs mères leur avaient parlé d’union, de mariage ; ils avaient pleure de joie en embrassant leurs mères, et le lendemain ils avaient été fiancés.
Et deux jours après, Pierre des Ayettes était parti le cœur navré et peu soucieux de gloire : son âme naïve sentait que la gloire ne valait pas le bonheur.
Et Izarde, restée seule, ne voulait écouter aucune consolation. En vain sa mère lui avait dit : "Il reviendra" ; elle avait senti redoubler ses douleurs. Un pressentiment cruel semblait lui dire qu’elle ne serait jamais l’épouse de Pierre des Ayettes.
Car c’était une guerre terrible que celle que le Dauphin allait livrer au comte de Savoie ; bien des yens d’armes et de nobles chevaliers devaient y rougir de leur sang l’herbe des prairies et des collines.
Le jour était à charge à la pauvre Izarde, il lui fallait alors dévorer ses larmes et renfermer tous ses chagrins dans son cœur ; mais elle bénissait le moment on la nuit appelait les habitants d’Allevard au sommeil, car elle aimait à parcourir à cette heure les collines couvertes de bruyères et les grands bois de sapins, aussi libre que la brise du soir.
Et alors elle s’enivrait de ses souvenirs d’amour, de ses rêves de bonheur, et elle se prenait à penser que Pierre reviendrait, sans blessures, plus aimant que jamais, et que la guerre ne troublerait plus la paix de leur chaumière.
Ce soir là donc Izarde ouvrit sa fenêtre et contempla l’étoile du soir qui brillait dans toute sa beauté. Partout autour d’elle régnait un profond silence, interrompu seulement par le murmure du Bréda, qui fuyait au loin sous les arbres de la vallée.
Ce repos, ce silence universel, ce demi-jour mystérieux que répandait la lune, l’enhardirent à sortir de sa demeure, et elle suivit machinalement le sentier qui s’offrit à elle au bas de son petit verger.
Elle marcha quelque temps, rêveuse, absorbée tout entière dans la pensée de son amour, et ne prêtant plus attention ni au murmure du Bréda, ni au doux éclat de la lune au travers des rameaux de châtaigniers.
Tout à coup un bruit étrange la lira de sa rêverie, elle écouta et tressaillit en s’arrêtant.
Elle était arrivée près d’une grotte située au bas d’un monceau de ruines ; près de là un ruisseau précipitait sa course sous les coudriers, pour rejoindre dans la vallée les ondes mugissantes du Bréda.
Ce lieu était maudit et redouté de tous les habitants du village, c’était la demeure des fées du pays, c’était là que se préparaient ces sorts terribles qui tombaient ensuite, inévitables, invisibles, sur les malheureux auxquels ils étaient destinés.
Izardc eut peur, elle voulut fuir ; mais soudain une résolution déjeune fille s’empara d’elle et la fit revenir sur ses pas.
"Je veux aller consulter la fée, se dit-elle, je l’attendrirai par mes larmes, elle aura pitié de moi, elle me dira s’il reviendra, mon fiancé." Et elle s’avança jusqu’à l’entrée de la grotte.
Une voix rauque et criarde partie du fond du souterrain ébranla son courage :
"Qui es-tu ? disait la voix. — Une pauvre fille de la montagne, répondait Izarde. — Que veux-tu ? — Savoir s’il reviendra, mon beau fiancé, Pierre des Ayettes, qui est parti pour la guerre avec le sire châtelain."
"Entre," fit la voix. Et Izarde se fit petite, bien petite pour passer par l’étroite ouverture ; et entrée dans la grotte, elle ne vit rien ; seulement elle entendait autour d’elle, au-dessus d’elle, comme un craquement qui faisait refluer son sang vers le cœur.
Elle faillit se trouver mal, quand une main froide se posa sur la sienne et que la voix qu’elle avait déjà entendue prononça le nom de Pierre des Ayettes.
"Il reviendra, disait la fée invisible, il reviendra ; mais quand ? Tu ne dois pas le savoir"
Izarde était muette de bonheur ; la voix continua :
"Il reviendra ; mais si dans un an, à pareil jour, il n’est pas ton époux, alors ; belle fiancée, tu ne seras jamais son épouse."
Un rire affreux suivit cette réponse, et Izarde, étourdie, hors d’elle-même, était sortie de la grotte et avait repris le chemin de sa chaumière.
Et un profond silence régnait dans le village, l’activité du jour et le bruit des forges avait fait place au repos et au sommeil.
Seulement une lumière tremblante se faisait encore remarquer à la petite fenêtre d’une chaumière située au-dessus du coteau de Layat, et par intervalles, le vent apportait un bruit de soupirs et de sanglots.
Le temps s’écoulait avec rapidité. L’année qui devait voir, ainsi que le croyait fermement Izarde, son mariage ou sa mort s’avançait, et Pierre ne revenait pas.
Quelques blessés, qui avaient obtenu de venir chercher dans leurs foyers les soins d’une mère ou d’une sœur, avaient dit à Izarde que Pierre des Ayettes avait échappé jusqu’alors aux hasards des combats, et que la guerre devait bientôt se terminer. Et cependant Pierre ne revenait pas.
Dix mois déjà s’étaient écoulés depuis la fatale prédiction de la fée, le onzième continuait son cours ; les jours s’enfuyaient rapides, Izarde les comptait, et son cœur se brisait de douleur en voyant que Pierre ne revenait pas.
Le mois de juin avait reparu, les fleurs étaient belles, toute la nature était brillante et parée ; mais Izarde ne sentait plus ce qu’il y avait de doux dans le zéphyr, dans le parfum des fleurs, dans le bruit du torrent, dans le clair de lune ; Pierre ne revenait pas !
Quatre jours encore et le terme fatal arrivait. Izarde redisait avec terreur les paroles étranges qu’elle n’avait osé révéler à personne : "Si, dans un an, à pareil jour, il n’est pas ton époux, tu ne seras jamais son épouse !"
Mais, ô bonheur ! l’avant-veille du dernier jour, comme Izarde rêvait tristement à sa fenêtre, regardant avec indifférence le beau spectacle qui s’offrait à ses yeux, le galop d’un cheval fit retentir l’écho de la montagne.
Le cœur d’Izarde a battu de joie. Elle ne sait pourquoi. Elle devine cependant que c’est Pierre qui revient, Pierre, son fiancé.
Elle court, elle se précipite. C’est lui, le voilà ! il a laissé son coursier dans le village, il gravit le sentier ; le voilà ! c’est lui, sain et sauf, la guerre est finie, le voilà !
Izarde ne peut suffire à son bonheur, elle ne peut se séparer de son fiancé ; il semble cependant qu’une idée pénible l’oppresse au milieu de sa joie.
"La guerre est finie, je ne te quitte plus désormais, Izarde, ma bien-aimée ; je reste toujours, toujours ; à quand notre noce ?
» Demain, a répondu Izarde, pâle de frayeur ; demain, pas plus tard !"
Cependant il restait encore deux jours ! Pierre sourit, il ne vit pas l’effroi de sa fiancée, et le mariage fut remis à deux jours.
Izarde pleura, elle n’avait plus d’espoir qu’en ce jour. Si le mariage eût été renvoyé à un terme plus éloigné d’un jour seulement, sa douleur, son effroi, eussent réalisé la prédiction des sorcières.
Enfin, il est arrivé ce jour, ce dernier jour ! Le temps est serein, le soleil brillant ; tout le village se réjouit des noces de la belle Izarde avec Pierre des Ayettes.
La cérémonie avait été renvoyée, malgré Izarde, au soir ; son agonie morale était ainsi prolongée de quelques heures ; du moins, pour cacher ses frayeurs, a-t-elle voulu garder près d’elle son fiancé.
Mais lui, ivre de bonheur, l’a quittée pour aller dans la montagne éprouver si la guerre n’a pas affaibli l’adresse du chasseur. Il espère qu’un daim superbe ornera le festin de la noce.
Il est parti. Izarde pleure, elle ne sait de quoi. Les heures se succèdent. Pierre n’est pas de retour. Soudain un bruit se fait entendre, elle regarde : c’est Pierre qui revient, mais blessé, porté par ses camarades ; il est mourant.
Tombé d’un rocher, il n’a dû qu’au hasard un reste de vie ; ses amis le rapportent en pleurant, ils ne sentent que trop qu’ils vont le perdre.
Mais qui peindra le désespoir d’Izarde ? elle comprend que sa destinée s’accomplit, que la fée a eu raison, qu’elle va mourir ; car certes elle ne survivra pas à son fiancé !
Alors il ne fut plus question de noces et de festin de noces. On plaça Pierre sur son lit, où le barbier-chirurgien du village sonda ses blessures. On porta Izarde dans sa chambre.
Le lendemain matin Pierre n’avait plus qu’un souffle de vie ; pour Izarde, on la chercha vainement dans sa petite chambre, aux alentours de la maison. Elle avait disparu.
Le soir cependant quelques bûcherons rapportèrent qu’ils avaient vu une masse blanche près de la grotte des fées. On y courut avec effroi, et l’on trouva étendu devant l’ouverture le corps pale et inanimé d’Izarde. C’était tout ce qui restait d’elle.
Elle avait encore la robe et le voile de fiancée, ainsi que la couronne de roses blanches, mais elle était allée attendre son fiancé dans le ciel.
Et depuis, malheur à l’imprudente jeune fille qui pénètre dans la grotte redoutable ! elle doit mourir dans l’année, si un mariage ne lui sauve la vie.
Laquelle des deux choses est préférable ? toutes les jeunes filles se prennent à rire à une pareille question.
Et voilà la légende du trou de la Jeannote. D’où lui vient ce nom de Jeannote ?
Les anciens du pays assurent qu’ils ne savent pourquoi le nom vulgaire de Jeannote a détrôné le beau nom d’Izarde.
Jules TAULIER (1837)
Fleur et rocher mystiques
On trouve au plus haut des pâturages, en Savoie, une jolie plante à fleur rouge, de la famille des orchidées, dont la racine se partage en deux appareils façonnés comme les doigts d'une main. Chaque année, au printemps, l'un se détruit pour faire la place au second qui se développe au même moment. L'imagination des pâtres voit dans le premier la main du diable qui blesse et retire la vie, et dans le second la main de Dieu qui répare et féconde les herbes.
En face des Grands Plans, au-delà du vallon de Notre-Dame-de-Tréicol (73), on voit un énorme rocher en forme de tour, nommé Pierra-Metta, dominant une longue cime qui sépare la vallée de Beaufort de la haute Tarentaise.
Suivant la tradition, ce rocher a été porté sur ce sommet par un géant qui avait autrefois tout pouvoir sur ces montagnes. Il aurait tiré ce rocher d'une crête voisine, en laissant à sa place une brèche qui maintenant sert de passage. Fatigué de la pesanteur d'un tel fardeau, il l'avait posé un instant pour reprendre haleine, mais il lui avait été impossible de soulever de nouveau le rocher, qui depuis lors est demeuré là comme un témoignage de l'impuissance finale de l'orgueil humain.
Ce personnage symbolique est nommé par la tradition Gargantua. Il s'asseyait sur la croupe des montagnes comme sur un escabeau fait à sa taille ; il se jouait des énormes sapins comme d'une paille légère ; il baignait ses pieds dans la profondeur des lacs.
Magasin Pittoresque (1850)
Le menhir de Simandre
Le Menhir de Simandre (01), seul aujourd’hui, était suivant la tradition, accompagné de deux autres ; ces trois pierres formaient un triangle. Une de ces pierres, la première arrachée sert de pont devant les pelles du moulin de Tournesac. La dernière arrachée était dans une haie à quelques mètres au sud de celle qui reste ; elle est restée longtemps en trois morceaux sur le bord ouest de la route de Simandre à Chavannes, à quelques mètres au soir de sa première position.
La pierre levée de Simandre marque la limite entre les campagnes où les femmes portent le bonnet comtois et celles où elles portent le bonnet des cavettes. C’est une de ces pierres à superstition où l’on se frotte encore pour avoir des enfants ; elle a sur le côté une entaille en demi-cercle.
La tradition dit que trois fées allant à la veillée de Banchin à Thiole, prononcez Thieule, plantèrent leurs quenouilles qui devinrent les trois pierres fittes ; mais nous n’avons jamais entendu dire dans le pays que l’on aille se frotter contre ces pierres.
F. TARDY (1892)
L’Esprit de Revermont
Une personne digne de foi, très digne de foi, je vous en réponds, m’a rapporté bonnement (je ne dis pas qu’elle me l’a conté) qu’étant un jour en Revermont, dans les parages de la pierre des Fées de Simandre-sur-Suran (01), avec un jeune villageois des environs de Chavannes ou de l’ancienne Chartreuse de Séligna, elle ouït à plusieurs reprises, dans l’air, un bruit dont elle lui demanda la cause ; mais son compagnon ne répondant rien, elle lui avait dit :
— Vous êtes donc sourd ? Quoi ! vous n’entendez pas ?
— Si, si, fait-il, j’entends parfaitement.
— Hé bien ! d’où partent ces cris ?
Le pauvre garçon, craignant d’être raillé de sa crédulité, ou taxé de superstitieux, n’osait rien ajouter de plus.
— Dites-moi donc d’où vient cette voix ?
— Hé bien ! Monsieur, vous voulez absolument le savoir, c’est la voix de l’Esprit.
Le rapporteur de ce colloque me faisait observer à ce sujet que si c’eût été dans la nuit de Noël, il n’aurait pas eu besoin de s’informer de la cause de ce bruit, car personne n’ignore, dans le Revermont et dans le Bas-Bugey, que le roi Hérode voyage alors à travers l’atmosphère, et qu’il y vocifère comme un damné ; mais c’était au mois de juin, en plein jour, en rase campagne, et les montagnes, avec leurs échos, se perdaient azurées et vaporeuses dans l’éloignement.
Hippolyte MONNIER & Aimé VINGTRINIER (1874)
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